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Grandes Jorasses

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Grandes Jorasses
La face Nord des Grandes Jorasses et le glacier de Leschaux.
La face Nord des Grandes Jorasses et le glacier de Leschaux.
Géographie
Altitude 4 206 ou 4 208 m, Pointe Walker[1],[2]
Massif Massif du Mont-Blanc (Alpes)
Coordonnées 45° 52′ 08″ nord, 6° 59′ 17″ est[2],[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Région
Région à statut spécial
Auvergne-Rhône-Alpes
Vallée d'Aoste
Département Haute-Savoie
Ascension
Première par Horace Walker, avec Melchior Anderegg, Johann Jaun et Julien Grange
Voie la plus facile Face Sud (mixte ; AD-) depuis le refuge des Grandes Jorasses
Géologie
Roches Granite
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Grandes Jorasses
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Grandes Jorasses
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Grandes Jorasses
Géolocalisation sur la carte : Vallée d'Aoste
(Voir situation sur carte : Vallée d'Aoste)
Grandes Jorasses

Les Grandes Jorasses sont un sommet des Alpes dans le massif du Mont-Blanc, entre la France (Haute-Savoie) et l'Italie (Vallée d'Aoste).

L'appellation Grandes Jorasses a deux origines possibles[3] :

  • Joux/Jorette en francoprovençal : dans l’est de la Haute-Savoie, le Jura, la Suisse romande et la Vallée d’Aoste, le sens habituel est « bois de conifères » que l'on retrouve dans d'autre toponymes (Joux, Jeur, Montjout, Jorette ou Jorasse) ;
  • Joux, du latin jugum, sommet de montagne[4].

Géographie

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Carte topographique des Grandes Jorasses.

Topographie

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Les Grandes Jorasses sont une arête faîtière orientée est-ouest longue d'environ un kilomètre et sur laquelle se détachent successivement six pointes :

  • la pointe Walker (4 206 ou 4 208 m, point culminant) ;
  • la pointe Whymper (4 180 ou 4 184 m) ;
  • la pointe Croz (4 108 ou 4 110 m) ;
  • la pointe Hélène (4 042 ou 4 045 m) ;
  • la pointe Marguerite (4 065 ou 4 066 m) ;
  • la pointe Young (3 996 m).

Cette arête marque la frontière entre la France et l'Italie. Elle domine, du côté français, le glacier de Leschaux, affluent de la Mer de Glace, du côté italien le val Ferret et la vallée de Courmayeur.

Ces six pointes sont encadrées par le col des Hirondelles (3 480 m), au nord-est, et le col des Grandes Jorasses (3 809 m), à l'ouest, sur lequel on trouve le bivouac E. Canzio.

La face Nord (versant français) est l'une des plus grandes faces granitiques des Alpes : 1 200 m de haut sur près d'un kilomètre de long.

Comme la plupart des sommets du massif du Mont-Blanc, les roches constituant les Grandes Jorasses sont formées de granite qui, aux Grandes Jorasses, est de qualité variable.

Premières ascensions

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La face est des Grandes Jorasses depuis le val Ferret italien.

L'ascension de la face nord fut considérée comme l'un des « grands défis des Alpes » jusqu'à la première en 1935. Elle fait toujours partie des trois grandes faces nord des Alpes.

Après une compétition entre alpinistes de plusieurs pays, la face Nord est vaincue pour la première fois par l'itinéraire de l'éperon Croz par les alpinistes allemands Martin Meier et Rudolf Peters, les 28 et .

Du 4 au , l'éperon nord de la pointe Walker, point culminant des Grandes Jorasses, est gravi par trois alpinistes italiens renommés : Riccardo Cassin, Luigi Esposito et Ugo Tizzoni. Ils atteignent le sommet à 14 heures. Cet itinéraire reste le plus célèbre et le plus parcouru de la face.

La face Nord des Grandes Jorasses allait par la suite attirer tous les alpinistes de haut niveau, au point qu'aujourd'hui elle comporte un très grand nombre de lignes d'ascensions, rocheuses, glaciaires ou mixtes, gravies en toutes saisons et parfois en solitaire.

Après l'ascension des pointes Walker et Croz par leur éperon nord, les alpinistes vont s'intéresser au versant nord des autres pointes : pointe Marguerite en 1958 (René Desmaison et Jean Couzy), pointe Young la même année (Enrico Cavalieri et Andre Mellano), pointe Whymper en 1964 (Walter Bonatti et Michel Vaucher), pointe Hélène en 1970 par une cordée polonaise.

La pente de glace raide située à gauche de la pointe Walker a été baptisée « le Linceul ». René Desmaison fait équipe avec Robert Flematti et s'engage dans la pente en hiver, pour réduire les risques de chutes de pierres. Grimpant avec la technique ancienne des crampons dix pointes et des tailles de marches, ils sont pris par le mauvais temps et mettent neuf jours pour gravir les 800 mètres de glace (17-). Ayant emporté avec eux deux radios (3 kg par poste), ils communiquent avec les médias durant toute leur ascension, une autre première.

Huit premières ascensions de l'éperon Walker

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Directes et directissimes

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L'imagination des grimpeurs étant sans limites, de nouveaux défis allaient marquer notamment les années 1960 et 1970 : tracer la « ligne » la plus directe possible de la base au sommet de la montagne. C'est le concept des directes — et des directissimes (encore plus directes si cela est possible).

Dès 1971, René Desmaison s'attaque avec Serge Gousseault à un itinéraire direct dans le flanc nord-est de la pointe Walker, de surcroît en saison hivernale. L'entreprise se conclut par un drame : les alpinistes restent bloqués sous la pointe Walker, après avoir passé quinze jours dans la paroi. Serge Gousseault y meurt. René Desmaison raconte la tragédie dans son ouvrage 342 heures dans les Grandes Jorasses. Il retourne deux ans plus tard dans la face pour achever sa première, en compagnie de Michel Claret et Giorgio Bertone, parvenant au sommet le , après huit bivouacs[6].

Un autre alpiniste renommé, Yannick Seigneur, s'est illustré dans la face Nord de la pointe Whymper en ouvrant la « Directe de l'amitié » avec ses compagnons Louis Audoubert, Marc Galy et Michel Feuillarade, en plein hiver, du 19 au . Ils ouvrent ainsi de façon élégante le tracé qui suit une ligne directe sous cette pointe. Deux ans plus tôt, une expédition japonaise avait tenté le même objectif, sans parvenir à gravir la face proprement dite, se rabattant sur le grand couloir central (19-).

En 1979, une cordée tchèque inaugure une voie directe de haute difficulté sur l'éperon Walker, la voie « Rolling Stones » (24-). Sept ans plus tard, Patrick Gabarrou réussit un tracé encore plus rectiligne avec la « directissime » qu'il ouvre du au avec Hervé Bouvard.

Grand amateur de belles lignes, Patrick Gabarrou est également l'auteur :

  • d'une directe à la pointe Marguerite (avec Christian Appertet, 1992) ;
  • d'une directissime à cette même pointe (voie « Heidi », mars 2005, avec Philippe Batoux et Christophe Dumarest) ;
  • d'un itinéraire de haute difficulté à la pointe Whymper (voie « Alexis », 1993, avec Benoît Robert) ;
  • d'une voie située à l'aplomb d'une pointe anonyme proche de la pointe Croz, qu'il baptise pour l'occasion pointe Magali (voie « A Leï », , avec Benoît Robert et Philippe Batoux).

La conquête se poursuit par l'ouverture d'itinéraires en hivernale, solitaire et solitaire hivernale, qui voient de nombreux exploits, ou de voies moins médiatisées, qui portent le nombre de voies dans la face Nord des Grandes Jorasses à plus de 40 itinéraires distincts fin 2004.

Cette face Nord est très intéressante en hiver car l'impression de solitude et d'isolement est exceptionnelle pour les Alpes. La raison en est que depuis cette face, on ne peut voir aucune vallée alpine habitée, contrairement à la face Nord du Cervin ou de l'Eiger par exemple. La première hivernale de l'éperon Walker fut réalisée par les Italiens Walter Bonatti et Cosimo Zappelli en 1963[7], la seconde étant réalisée le même hiver par les français René Desmaison et Jacques Batkin[8].

Cette face ne comporte aucun itinéraire facile, aucune voie de dégagement. L'engagement est total. Un solo aux Grandes Jorasses par la face Nord est réservé aux alpinistes d'exception comme celui, par exemple, de Valery Babanov à la pointe Whymper ou de Slavko Svetičič avec ouverture d'une voie nouvelle à la pointe Croz.

Hivernales solitaires

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Dès 1975, le guide Ivano Ghirardini réussit la première hivernale solitaire du Linceul et en 1978, lors de sa trilogie, celle de l'éperon Croz. Le guide Tsunéo Hasegawa fait la première hivernale solitaire de l'éperon Walker en 1979.

Le guide français Charles Dubouloz réussit la première ascension hivernale en solitaire de la pointe Walker par la voie Rolling Stones sur la face Nord en six jours et cinq nuits, partant le et arrivant au sommet le [9].

La face Nord des Grandes Jorasses, avec celles du Cervin et de l'Eiger, fait partie d'un triptyque « magique » nommé trois grandes faces nord des Alpes. La première trilogie hivernale solitaire fut réussie par Ivano Ghirardini (hiver 1977-1978), la seconde par Tsunéo Hasegawa (1977-1978-1979).

Ce sont des itinéraires d'environ un kilomètre de haut. La pente moyenne de la face est d'environ 70 degrés et certains ressauts sont verticaux. L'ambiance est toujours sévère dans ces fins boyaux de glace qui s'élèvent entre les éperons abrupts. L'une des plus difficiles est « Rêve Éphémère », ouverte par Ivano Ghirardini et Slavko Svetičič entre les pointes Marguerite et Young.

La voie normale des Grandes Jorasses se situe sur son versant sud.

Première descente de la face sud en ski

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Le , un hélicoptère pose Sylvain Saudan surnommé le « skieur de l'impossible » à 30 minutes du sommet de la pointe Walker. Il effectue 5 h 30 de descente très difficile, environ 2 500 virages, en partie dans le brouillard, avant de rejoindre le pied du sommet.

En 1983, Christiano et Fabio Delisi ouvrent Groucho-Marx, cotée ED. Sébastien Bohin, Sébastien Ratel et Dimitri Munoz, tous trois membres du GMHM, en ont réalisé la première hivernale en [10].

En 1974, le chanteur Pierre Perret a donné une certaine notoriété à ce site montagneux, grâce à deux vers de sa chanson humoristico-éducative le Zizi : « l'alpiniste et son beau pic à glace, magnifique au-dessus des Grandes Jorasses ».

Notes et références

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  1. a et b Visualisation sur le géoportail italien.
  2. a et b « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  3. « Joux, Jovet », sur Bibliothèque municipale de Lyon, (consulté le )
  4. Jean Dubois, Dictionnaire d'étymologie (ISBN 978-2035712462).
  5. a et b Gino Buscaini, La chaîne du Mont Blanc, IV (guide Vallot), Arthaud, (ISBN 2700302729), p. 129
  6. René Desmaison, 342 heures dans les Grandes Jorasses, Paris/18-Saint-Amand-Montrond, Hoebeke, , 170 p. (ISBN 9782-84230-562-8), page 160 : « Nuit éprouvante, la huitième. »
  7. Walter Bonatti, Montagnes d'une vie, Arthaud, Paris, 1997 (ISBN 2-7003-1144-2) chapitres XIV Dans la face nord des Grandes Jorasses en hiver (1963)
  8. René Desmaison, Les forces de la montagne, Hoëbeke, 2005 (ISBN 2-84230-229-X), chapitres 18 : « Tempête sur les Grandes Jorasses ».
  9. « Exploit à Chamonix : Charles Dubouloz entre dans la légende après son ascension des Grandes Jorasses », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Montagnes Magazine », Montagnes Magazine, Grenoble, Éditions Nivéales, no 378,‎ , p. 9 (ISSN 0184-2595)

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Walter Bonatti, Montagnes d'une vie, chapitres XIV Dans la face nord des Grandes Jorasses en hiver (1963) et XV Éboulements et tempêtes à l'éperon Whymper (1964), Arthaud, Paris, 1997 (ISBN 2-7003-1144-2)
  • Philippe Bonhème, La face Nord de René Demaison, Ramsay, 2009 (ISBN 978-2-8122-0002-1)
  • René Desmaison, 342 heures dans les Grandes Jorasses, Hoëbeke, coll. « Retour à la montagne », 2003 (ISBN 2842301420)
  • René Desmaison, Les forces de la montagne, chapitres 10 Margherita, notre dernière cordée, 18 Tempête sur les Grandes Jorasses, 26 Le Linceul des Grandes Jorasses et 29 Ascension vers l'enfer, Hoëbeke, 2005 (ISBN 2-84230-229-X)
  • Robert Flematti, Flemattissime, chapitre 8 Le Linceul, Guérin, 2006 (ISBN 2-911755-98-7)
  • Roger Frison-Roche, Retour à la montagne
  • Ivano Ghirardini, Thanatos, 1986
  • Jean-Marie Defossez, Face Nord

Liens externes

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